the story of my life.

« Louhàne, je ne fous rien en l'air, je ne me suis en fait jamais autant investi dans quelque chose qui concernait quelqu'un d'autre que moi ». Elle reste complètement pantoise, c'est que pour moi, je viens de lui faire une déclaration d'amour digne des conneries à la Roméo et Juliette. Je ne lui mens pas, ce qui est dingue en un sens, parce que si je me montre tout particulièrement gentleman à son égard, c'est que ça fait partie du jeu. C'est un geste qui modifie les paramètres de cette guerre de pouvoir entre Meade et moi. Oh, cette conne peut bien aller crever pour s'être tirée sans donner signe de vie durant plusieurs mois, ne serait-ce que par pur plaisir de laisser notre jeu sur la glace pour me la faire désirer d'autant plus. Je ne joue pas pour me retrouver relayer au placard, ni même pour avoir la seconde place : je suis premier en tout, je ne supporte que ça, rien de moins « J'aimerais parfois savoir ce qui se passe dans ta tête, Darwin ». Elle n'est pas dupe, pas complètement conne non plus - ça doit être ce qui me motive à me tenir à carreaux, outre le fait qu'elle soit loin d'être désagréable à mater et que ce soit du matériel qualifiable de napalm sexuel. Je la laisse passer ses doigts fins sur ma nuque, fermant doucement les yeux pour lui donner l'impression d'avoir le moindrement d'influence sur mes états d'âmes. J'approche mon visage de son cou, y enfonce légèrement, lentement, les dents. Je sens son corps se cambrer contre le mien tandis que ma langue remonte sur sa mâchoire, tout juste derrière son oreille, perdue quelque part dans sa chevelure souple et soyeuse « Tu n'apprécierais probablement pas ce qui s'y trame » que je lui murmure, mi-amusé. Sa paume glisse sur mon épaule, descend sur mon torse, s'immobilise au creux de mon ventre. Un fin sourire se dessine sur mes lèvres tandis que je fais descendre la bretelle de son haut, sans la moindre gêne, la moindre arrière pensée, malgré l'endroit où on se retrouve « Il n'en reste pas moins que ce serait intéressant ». Elle fait passer sa cuisse de l'autre côté de mon corps, prenant soin de la faire glisser sur mon pantalon parfaitement repasser pour faire réagir ce corps qu'elle a appris à connaître et à dompter à sa manière. L'effet est foudroyant, ne serait-ce que par la teneur des précédents messages échangés avec Meade et l'épiderme que dévoile Louhàne avec son décolleté suffisamment discret pour attirer mon attention. Mes paumes glissent dans son dos, le long de ses côtes, tandis que le bout de mes doigts remontent sur le tissu de son haut. Ce n'est pas la première fois que j'abuserai de ses charmes ici, dans mon bureau, à même la chaise imposante en cuir noir et le bureau constitué de vitre que ses fesses ont si souvent embrumée. Je relève le menton pendant qu'elle remonte ses cheveux en se penchant à mon niveau, attrape son visage fin entre mes doigts et l'y maintient quelques secondes, la fixant, non, la dévorant du regard. Je lui fais mentalement subir les mille et une choses dont j'ai envie là, maintenant, tout de suite. Sa chevelure pâle fait finalement place à une tignasse d'une teinte chocolat, dense et douce, sentant l'amande. Avant que les traits de Meade se fondent dans ceux de Lennon, je la ramène contre moi et prend possession de ce que j'ai sous la main, sachant pertinemment que les invitations à la débauche de Meade dorment dans la poche intérieure de mon veston, lui-même soigneusement déposé sur le fauteuil adjacent à notre position. Putain, si elle savait, elle me ferait ma fête. Pas comme on le souhaite, pas à la faire prendre un billet VIP pour le septième ciel, non. Elle se payerait ma gueule, et pas qu'un peu. Alors je baise Lennon, ses cheveux pâle, sa peau d'albâtre, son corps fin et étroit, sa chute de hanche délicate et sa beauté froide. Je le fais avec un plaisir certain, soit, mais pas l'esprit totalement là. N'en reste pas moins que je suis de loin le meilleur amant qu'elle n'aura jamais.

Malheureusement pour Louhàne et les autres avant elle, je ne me préoccupe de mon propre bonheur, de combler mes propres désirs et d'établir la règle et de jouer à ma façon; avec elle, le sexe facile. À peu près satisfaisant... une dizaine de secondes. Je suis pratiquement autant combler à lever une pute qu'à baiser une petite-amie, il n'y a que la motivation de se faire prendre à l'horizontale qui change; pour l'une, c'est les billets, l'autre, c'est l'espérance de se réveiller le lendemain matin avec des baisers partout, de s'approprier complètement l'attention et l'amour du partenaire. Y a-t-il quelque chose de mal à vouloir à tout prix se faire séduire et, pourquoi pas, d'une façon bestiale et indécente? N'y a-t-il pas meilleure façon de se retrouver étroit dans un pantalon qu'à échanger des SMS ou des regards torrides dans un contexte qui ne s'y prête absolument pas? Je ne trouve pas. Je ne serais pas Darwin Reinhardt si c'était le cas. Je serais sans doute un homme quelconque qui cherchera toujours un but à sa vie, quelque chose qui lui permettra de vivre intensément et de ne pas crever sans avoir vécu. Je carbure à ce désir masochiste que j'entretiens pour une femme que je ne toucherai de mes mains pour ainsi dire jamais, sauf pour la faire rêvasser, fantasmer comme une dingue à la façon dont je pourrais les utiliser pour la rendre complètement folle. Elle sait, oh elle sait si pertinemment le pied que je pourrais lui faire prendre que ça en devient insupportable d'être au même endroit, au même moment, plus que quelques minutes. Voilà ce que c'est de vivre. Voilà ce que c'est, le désir. C'est ce truc qui nous donne envie de se damner pour, mais également de s'en tenir loin pour l'entretenir. Meade est ce feu pour lequel je me consume, mais dont je n'approche pas les doigts. Ce serait la laisser gagner. Ce serait capituler. Si je le faisais, je ne serais pas Darwin Reinhardt, je ne dirigerais pas à vingt-huit ans le milieu financier de Gotham et on m'aurait fait la peau depuis bien longtemps...

« Vous n'aviez pas besoin de faire le chemin jusqu'ici, je- il n'en faut pas moins pour entendre la voix mélodieuse, quoique franche et consciencieuse de celle que je considère comme ma mère pour entreprendre de lever la paume et ainsi de m'inviter de façon convenable à me la fermer Je ne comprends pas qu'avec ton statut, tu te contentes de si peu, Darwin ». On se demande pourquoi les fils de riche sont gâteux et complètement défoncés à la poudre dès leur quinzième année après ça... elle considère que je n'ai droit qu'au meilleur, et que ce loft n'est pas à la hauteur des attentes qu'elle a pour son petit prince. Je suis leur miracle, la réponse à leurs innombrables prières afin de donner une succession au patronyme Reinhardt. Je ne suis pas de leur sang, mais je suis fais d'un bois différent qui me permet de mieux supporter la pression d'un milieu comme celui-ci, de me comporter d'une façon beaucoup plus rationnelle et professionnelle que n'importe quel gosse qui n'aura connu qu'une opulence sans limite depuis toujours. Je viens d'ailleurs, d'où exactement, j'en ai rien à foutre, mais je suis le meilleur des deux mondes. J'ai mon conte de fée, je le vis pleinement et comme je l'entends... si ce loft à l'avant-dernier étage d'un immense building de Gotham, à deux rues du quartier financier, ne constitue pas une comparaison aux précieux investissements immobiliers de ma mère, je n'y vois aucun inconvénient. J'en suis même ravie, en ce sens que je me dirige indépendamment d'une volonté et d'une personnalité autant envahissante qu'elle peut l'être dans sa façon de couver et protéger ses intérêts, c'est-à-dire ces fesses enfermés dans un complet hors de prix « On ne se déplace pas de la grande ville pour simplement critiquer des choix d'habitations, n'est-ce pas? ». Je passe la main dans mes cheveux, lui adresse un sourire complice qui n'appartient qu'à elle, en profitant pour déposer un baiser sur sa tempe. Tous mes collègues de travail s'arracheraient les yeux de voir une scène où le placide et froid personnage que je peux être, calculateur et perfectionniste à l'extrême, laisse place à ce fils prodige qui fait la fierté d'une mère à qui il ne manquait que cela pour atteindre le rêve américain. Retournant mon sourire, elle m'invite à prendre place - oui, chez moi, mais je n'en relève rien - « Je n'ai pas élevé un parfait idiot ». Je m'installe, mon verre de whisky sur glace entre les doigts, la regardant émettre ce petit son de satisfaction, quelque chose comme un ronronnement et un petit soupir, chaque fois qu'elle pose les yeux sur moi en s'extasiant de mon devenir. Je n'exagère même pas. J'ai la grosse tête de quelque part, il faut dire « Il semblerait qu'à New-York, on s'intéresse à des fonds sur lesquels tu avais fondé des espoirs que certains jugeaient de parfaitement saugrenus ». Je porte mon verre à mes lèvres, un sourire s'y noyant en pensant aux investissements new-yorkais, des coups de maître, soutenus par quelques informations grappillées à gauche, à droite, informations par la suite prisées par les plus offrants lorsque l'on fait son nom en tant que porte-bonheur et fils Reinhardt. Mon regard dérive sur l'armoire où je conserve mes plus précieux biens de collection, ces pistolets uniques, ces armes blanches inestimables et ce sabre de samouraï que j'avais arraché aux derniers Sotherby's pour une petite fortune, simplement par caprice pour découvrir sa véritable valeur par la suite. Je porte peut-être le patronyme de mon père, mais c'est de ma mère que je tiens ce pif pour les bonnes affaires, ça, et mon amour des vieilleries « Gotham ne peut qu'étouffer ton succès, mon petit. Pourtant tu sembles parfaitement dans ton élément... ». Tellement de discussions à ce sujet, toujours aussi hermétique que celle qui risque d'éclore si elle ne change pas rapidement de tactique. Mes lèvres pincées et mon air plus renfrogné ont raison de sa détermination tandis qu'elle reprend de nouveau la parole « Il va de soi qu'à trop briller, on attire un mauvais karma. N'en reste pas moins que les gens n'oublient pas souvent ceux qui leur font faire des cachets pareils à si bon compte ». J'ignore où elle veut en venir, mais j'y vois là un avertissement certain: ma mère a un sixième sens auquel je crois autant qu'à Dieu le père. J'en prends donc note en hochant la tête. Je me tortille, incapable de rester sur place. C'est sans doute pourquoi je manque perdre pied en voulant attraper mon téléphone portable à la première sonnerie.

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MEADE JE CHAUFFE UN MEC AU ICEBERG. PUTAIN, SI C'ÉTAIT TOI,
Y'A LONGTEMPS QUE MA MAIN SERAIT SOUS LE JEAN

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Je me mords la lèvre inférieure en ravalant ma salive. C'est un coup de maître qu'elle vient de me faire là, et sans s'en rendre compte en plus. Je relève les yeux vers ma mère, mi-perplexe, mi-injuriée, devant ma forte propension à m'intéresser à autre chose qu'à elle. Je la soupçonne d'être un brin possessive et de chercher désespérément à me savoir en compagnie d'une femme dans son genre que de me laisser prendre les rênes de mes fréquentations « Il n'y a pas femme qui vous arrive à la cheville, vous le savez bien ». Je dessers tout de même ma cravate, imaginant carrément Meade prendre possession de ce qui se retrouve légèrement à l'étroit tout à coup, heureusement maintenu en place par un boxer ajusté. Tout en faisant une brève imagerie mentale pour calmer les ardeurs que, malheureusement, ni Louhàne ni une autre ne peut refréner, je parviens à me lever, m'agenouiller devant ma mère et lui sortir le grand jeu charmeur « Aurais-je l'immense honneur de pouvoir emmener dîner la plus belle femme de Gotham? Y aurait-il des risques qu'on rapporte à votre mari votre escapade en campagne avec un ténébreux cadre de la finance? ». Elle reste muette quelques secondes avant d'éclater de rire, d'attraper ma main et de se laisser entraîner jusqu'à ce qu'elle me rappelle à l'ordre qu'elle a besoin de se refaire une beauté, histoire de ne pas me faire honte ou un truc du genre. Je l'attends sans broncher devant la porte, replaçant mon veston, resserrant ma cravate et enfilant mes chaussures. Relevant la tête, constatant que je peux toujours courir que ça lui prenne moins d'une vingtaine de minutes, je ne prends pas la peine de réserver quelque part. Ce qui est bien, à Gotham, c'est que la notoriété sert de passe-partout, ça, et les Visa à la limite exorbitante. Je peux donc prendre quelques secondes pour pianoter sur mon portable.

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DARWIN: TU N'AURAIS PAS EU LE TEMPS DE TE RENDRE QUE
TU SERAIS PLAQUÉE AU MUR DE CETTE BOÎTE À M'IMPLORER
DE TE BAISER COMME TU L'AS JAMAIS ÉTÉ.

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