Elle frappa à la porte attendant d’entendre la voix masculine du maire de l’autre côté. Après le « entrez » d’usage, elle entra munie de son éternel sourire et d’un paquet dans les mains. Sept ans qu’elle est à son poste et qu’elle prend soin des affaires du maire. « Monsieur Le Maire, un paquet est arrivé ce matin pour vous. » Après autant d’années passées ensemble, on aurait pû croire entendre un Gabriel ou un tutoiement. Pourtant, elle ne laisse jamais son amitié prendre le dessus sur son travail. « Tu sais, tu pourrais arrêter de m’appeler Monsieur Le Maire surtout quand il y a personne dans le coin. » dit-il avec un large sourire. On ne pouvait pas nier qu’il aimait sa présence, qu’il l’aimait tout court. C’était le genre d’amour qui vous prend d’un seul coup. Seulement, les choses ne sont parfois pas si simples. Avec un poste comme le sien, Gabriel doit garder une certaine image. Il le sait. Mais ce qu’il veut plus que tout c’est que Katherine puisse avoir une réputation digne de ce nom. Elle est douée et s’il venait à lui lancer d’un seul coup ce qui se passait à l’intérieur de lui, qui sait comment se passerait les choses. « Peut-être qu’on est dans votre bureau, mais ça ne change rien. » lança-t-elle en posant le paquet sur le bureau. « Katherine. » prononça-t-il avec cette envie folle de pour une fois lui dire la vérité. Lui dire que son amitié compte beaucoup pour lui et que ça va bien au-delà de ça. « quoi ? » demanda-t-elle en refermant la porte. Nombres de bonnes femmes aimaient écouter aux portes et les conversations, Katherine le savait trop bien. Il se ravisa et se contenta de lui dire : « Si Monsieur Pierce appelle, dites-lui que je suis absent. »