the story of my life.10 septembre 2010
L’air étouffant rappelle celui des étés brûlants à Los Angeles. Aucune brise ne vient agiter les arbres. Tout est calme, silencieux. Allongée sur son inconfortable couchette, Joanne somnole. A demi consciente, elle repense à ce qui l’a mené ici.
Le mardi précédent, quelques heures avant que la télévision ne relaye l’information, ses parents étaient venus lui annoncer la nouvelle. Des opposants au régime colombien mêlés au trafic d’armes essayaient de renverser le pouvoir et de s’en emparer. Une source au pays venait de les contacter.
Il fallait partir vite car ils avançaient rapidement, massacrant des innocents sur leur passage. Lilly et Mark Thompson voulaient être les premiers sur place. Ne pas les accompagner était inconcevable pour la jeune fille. Des affaires au fond d’un sac, l’appareil photo, une caméra et les voilà déjà tous les trois dans l’avion.
Après une étape dans une ville plus au Nord, ils avaient établis leur campement dans ce petit village encore épargné par les rebelles.
Une goutte de sueur perle sur son front. D’un revers de la main elle l’essuie, gardant ses yeux clos. Une main chaude vient alors lui saisir le bras et la tire au sol. A présent éveillée, elle sent le contact de la terre poussiéreuse contre sa joue. Tout est trop rapide. Les explosions, les cris, la douleur.
Sa jambe lui fait terriblement mal mais Joanne court aussi vite qu’elle le peut à travers les arbres. L’image de ses parents morts reste imprimée dans sa tête. La bombe l’a rendue temporairement sourde, l’empêchant de savoir si elle est suivit ou non. Ne pas se retourner, courir et courir encore, jusqu'à ce que ses poumons explosent. Le noir.
14 septembre 2010
Sa tête bourdonne. Une conversation se déroule à côté d’elle.
« Comment va-t’elle Docteur ? »« Sa jambe est sauvée. Elle s’en sort avec une vilaine cicatrice. »« Que faisait-elle ici ? »« Je pense qu’elle n’est qu’une simple touriste américaine venue avec ses parents en vacances. Vous savez, ils ne sont pas malins là-bas. Rester en pleine rébellion ne pouvait finir que tragiquement »Les souvenirs remontent à la surface. Sa main se crispe sur les draps froids de son lit d’hôpital. Elle entend au loin des voix s’adresser à elle. Le néant, une fois de plus.
15 septembre 2010
Reprendre conscience est beaucoup trop douloureux. Pourtant, il faut faire face. L’impact du métal a traversé la chair tendre de son mollet, laissant une marque à tout jamais. Cela n’est plus si lancinant. Qu’est-ce qu’une blessure physique à côté du deuil ? Leur corps n’est sûrement plus que de la bouille, éparpillée sur la place du village. Et elle, elle a survécue.
« Vous vous sentez bien ? Vous avez meilleure mine ! ». Son haleine est désagréable, fétide.
Un murmure :
« Oui ». Parler est bien trop fatiguant, mais nécessaire. Sa gorge est sèche.
« Je peux … avoir de l’eau ? ». Le Docteur Dientro lui tend un verre. Joanne boit goulument, s’en renversant sur le torse et lève les yeux vers son sauveur. Il a l’air fatigué et sa peau bronzée semble flétrie.
« Comment suis-je arrivée ici ? ». Après une longue pause, il répond à voix basse
« Après l’attaque de Lania, je suis allé donner un coup de main pour trouver des survivants. Vous étiez là, couverte de sang, allongée sur un tas de feuilles. Alors je vous ai amené ici pour vous soigner »« Il y avait des survivants ? » ,
« Non, aucun ». Elle avale difficilement sa salive et laisse les larmes couler sur ses joues.
Après s’être abandonnée un long moment à la tristesse, elle finit par sortir de sa « transe ». Dientro lui explique qu’il n’a pas pût retrouver ses papiers et que l’armée se demande ce qu’elle pouvait bien foutre dans à Lania, destination peu touristique. Il va être difficile de retourner à Los Angeles. L’ambassade sera là dans quelques minutes.
Présent
Et dire que toute cette histoire est arrivée il y a deux ans. Les souvenirs restent intacts. Pourtant Joanne a commencé une nouvelle vie à Gotham. Elle a réussi à avancer. Brillante journaliste, elle fait honneur à ses parents. Ses articles sur le Joker l’ont rendu célèbre et poursuivre le méchant loup ne lui fait pas peur. Après avoir vécu le pire, on se s'en invincible.
Regardant le soleil se lever par la fenêtre de son appartement , la jeune fille murmure :
« Que Dieu me donne la force d'affronter cette nouvelle journée »