Leopoldine J-KennedyC'était une première aujourd'hui. Je sortais parce qu'en avais besoin. J'avais envie de changer d'air, de voir du monde. Cependant, je n'avais pas énormément d'amis. J'étais une solitaire et je faisais peur aux autres. Mais j'étais habituée. Seules les personnes inconnues me traitaient avec respect. Je choisis de me rendre dans une petite supérette non loin de chez moi dans l'espoir d'y trouver quelques friandises pour mon bon plaisir. J'étais une gourmande ; un bien vilain défaut. Je poussai la porte de la supérette et la petite cloche se fit entendre. Je secouai légèrement la tête pour saluer les propriétaires et je m'approchai du rayon « bonbons et gâteaux ». Il n'y avait presque personne - à l'exception d'un jeune garçon de mon âge. Il regardait avec insistance une boîte mais je ne fis pas attention à lui. J'étais trop occupée à regarder les étagères. Mais à force de regarder tout le rayon, je me retrouvai à quelques centimètres du jeune homme. Je tournai mon visage vers ce dernier, qui semblait un peu embêté. Il venait de mettre un paquet dans sa veste. Je levai les yeux au ciel. Alors qu'il s'éloignait, ma voix s'éleva pour lui donner un conseil. C'était plus fort que moi. «
Tu sais, ce n'est pas très discret ». Il s'arrêta. Il ne bougeait pas. Je haussai les épaules. Après tout, il faisait bien comme il voulait. Il fit trois pas arrières et se tourna vers moi. «
Je ne vois pas de quoi tu parles ». Je soupirai. Il me prenait sans doute pour une débutante. Je montrai sa veste d'un mouvement sec de tête. Il rougit. «
Oh, ça. Je n'ai de conseils à recevoir de personne ». C'est vrai, je n'avais pas à lui faire la leçon. Il était adulte, en mesure de prendre ses propres décisions. «
Tu as raison. Mais tu ne feras plus le malin lorsque tu seras en prison pour vol ! ». Il fronça les sourcils. J'étais en forme aujourd'hui. Je ne le connaissais absolument pas et pourtant, je me permettais de lui parler d'une façon impolie. Il s'approcha encore de moi. «
Tu crois ? Peut-être que mademoiselle est une experte ? J'attends que tu me montres l'exemple, dans ce cas ». Il n'était pas sérieux. Il voulait que je vole pour lui montrer comment s'y prendre. Je soupirai une fois de plus. Après tout, j'avais peut-être trouvé mon activité de la journée. Je saisis un paquet de biscuits, que j'ouvris. La supérette était petite mais fort heureusement, la musique qui résonnait cachait le bruit que je faisais en saisissant les petits paquets et en les mettant dans mes poches. Je me retournai vers le garçon. «
Maintenant, suis-moi ». J'avais adopté un petit ton autoritaire exprès. Mais à ma grande surprise, il m'emboita le pas. Nous traversâmes le magasin ensemble, côte à côte. Puis au moment de passer les caisses, le paquet qu'avait pris le jeune homme sonna ce qui nous fit repérer. «
Cours ! », m'écriais-je. Il m'écouta à nouveau. La course folle dans la ville entière. J'avais peur que nous soyons suivi ou alors que la police mette la main sur nous. J'avais comme projet de rejoindre leurs rangs après le lycée et je ne pouvais m'accorder une erreur. Mon casier devait être vierge. Cette pensée me fit accélérer. J'étais contente d'entendre les pas de mon nouvel ami juste derrière moi. Finalement, nous nous arrêtâmes dans une ruelle. Personne ne nous avait suivi. Je m'assis contre une poubelle, reprenant mon souffle. Le garçon fit de même en face de moi. Nous étions à bout de souffle et dans l'incapacité de parler pour le moment. Après quelques minutes cependant, mon interlocuteur s'exclama : «
J'ai eu raison de te faire confiance, tu es une championne ». Je secouai la tête négativement, j'avais toujours eu horreur des compliments. Je sortis les biscuits de mes poches. Je tendis un paquet au jeune homme, qui l'attrapa. J'entamai mes biscuits en silence. C'était assez rare que je sois accompagnée et il me fallait m'habituer. Après un quart d'heure, j'osai enfin dire quelques mots. «
Bon, tu sauras comment t'y prendre la prochaine fois ». Il sourit. Je baissai les yeux, gênée. Je sentais mes joues s'enflammer. Il m'observa un moment mais je m'étais concentrée sur le sol pour ne pas avoir à croiser son regard. C'était bien étrange d'être accompagnée et surtout par un homme. «
Merci pour cette démonstration en tout cas ! ». Je relevai enfin les yeux. «
Ce n'était pas grand chose ». Finalement, l'ambiance commença à se détendre un peu.
Nous passâmes plusieurs heures à parler de tout et de rien, comme deux personnes normales qui ont envie d'en apprendre plus sur l'autre. Nous décidâmes de nous promener en ville pour profiter de cette journée plus ou moins ensoleillée. Je ne vis pas le temps passer et très vite, la nuit s'installa sur la ville. Mon nouvel ami me proposa d'aller boire un verra au bar, ce que j'acceptai. Je me sentais bien en sa compagnie, même si je n'étais pas très bavarde. J'enchaînai les verres. Un, deux, trois … & rapidement, je perdis le contrôle de mon esprit et de mon corps. J'entraînai le jeune homme sur la piste de danse. Il était si rare que je m'amuse. J'avais l'impression que ça faisait des siècles. Au bout d'un moment - et j'ignore quelle mouche me piqua - j'approchai ma tête de celle du garçon. Bientôt, nos lèvres se touchèrent pour ne plus de quitter. Là, en plein milieu de ce bar. J'ignore ce qui se passe concrètement ensuite. Je me réveillai au petit matin, sur le torse nu de mon ami. J'avais un mal de tête abominable. Je me levai brusquement, cherchant mon portable pour regarder l'heure. Il était déjà treize heures ! J'attrapai mes affaires et m'habillai dans la précipitation. Je m'arrêtai ensuite quelques secondes pour regarder le jeune homme. Il dormait profondément. Je me mordis la lèvre inférieure. Je saisis une feuille et un stylo qui traînaient et griffonnai quelques mots d'excuses. Puis, je disparus.